dimanche 31 mai 2009

Le petit prince cannibale, Francoise Lefebre

Présentation de l'éditeur : Femme déchirée, femme déchaînée, la narratrice est un écrivain qui tente de raconter l'histoire de Blanche, une éblouissante cantatrice que la mort ronge vivante. Mais elle est d'abord la mère de Sylvestre, l'enfant autiste qu'elle veut à tout prix faire accéder à la vie et au monde des autres. Or le petit prince cannibale en ce combat dévore les phrases, les mots de la mère écrivain. Dès lors c'est un véritable duo concertant qui s'élève dans les pages du livre entre deux voix, entre deux femmes, l'une, superbement triviale, s'affrontant à tous les interdits et préjugés qui menacent son enfant, l'autre, la romancière, passionnée, dont les espoirs et les désespoirs se mêlent à ceux de Blanche, son héroïne.

Ce que j'en dis : Une belle écriture pour une magnifique histoire qu'est la maternité, mais aussi la douleur de cette mère vis à vis de son fils autiste. Elle lui parle d'amour, elle nous parle des regards des autres qui ne pouvaient pas comprendre.
Pourtant, je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire. Heureusement que l'écriture de l'auteur a fait que c'est pour cette raison que je l'ai jusqu'au bout.


Extrait :
"Toi,j'ai besoin de te tenir contre moi, de t'entendre respirer. Ta main minuscule serre mon doigt avec cette force stupéfiante des nouveau-nés.J'ai besoin de ton odeur. Je t'emmène partout caché sous ma cape, si bien caché, si bien au chaud que je t'entends presque ronronner. Le plus merveilleux, c'est de t'allaiter adossée contre un arbre. Sentir ce jaillissement qui s'en va te fortifier. Le plus fabuleux, c'est d'être un corps à manger, un corps nourrissant. Cette fuite du lait vers ta bouche adorable et vorace, c'est aussi la fuite du temps. Alors, je reste là, en pleine détresse, en pleine lumière, sachant bien que c'est aujourd' hui, l'éternité. Maintenant. Et tout de suite. En moi, tout se réconcilie. Tout s'apaise.J'aime le monde. La mort n'existe plus. La mort peut-elle avoir les seins gonflés de lait ? La mort peut-elle réchauffer un enfant ? Un fleuve coule à mes pieds tandis que je te nourris le dos contre l'arbre sous un ciel dont le bleu de vitrail ne me menace plus. Je regarde les collines fleuries. Les tuiles rondes et rouges, la terre fumante et je me sens prise, soulevée par la joie du monde. Prise. Aimée. Baisée. En accord totale avec je ne sais quel Dieu, si merveilleusement accompagnée par les chants de la terre que je supplie moi aussi que ma joie ne s'enfuie pas. La conscience de la joie est impitoyable.J'ai pleuré en allaitant.J'ai pleuré en écrivant."

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