Mon avis :
Un roman, très bien documenté, sur les conditions de vie des chinoises au dix-neuvième siècles. Un véritable voyage dans le passé, au milieux des traditions tel que les pieds bandés (pour être sure d'être dans un bon rang, avoir un beau marriage - arrangé bien avant l'adolescence) avec la souffrance des petites chinoises au début de leurs bandages, puis même lorsqu'elles deviendront femmes (ca je vous le laisserais découvrir lors de votre lecture). Il y a aussi le "nu shu" : l'écriture des chinoises, que les hommes ne pouvaient lire, et même pour les femmes, comme on le lira dans le roman, est assez complexe du fait qu'un mot peut en vouloir dire un autre selon le contexte . Cette écriture sous forme poétique, sous forme de chant, elles l'écrivaient sur du papier, les broder sur des tissus...
L'auteure nous fait découvrir tout ca sous la forme d'une histoire de deux "laotong", âmes soeurs que sont Fleur de Neige et Fleur de Lis. Laotong veut dire beaucoup de chose entre deux filettes : c'est avant tout un contrat sur leur nouvelle amitié, elles apprendront des choses ensembles, mais surtout une fois qu'elles sont mariées, elles continuent à être en contacte, à se voir puisqu'elles sont presque comme des soeurs qui se sont fait des promesses, contrairement aux soeurs d'adoptions qu'on les fillettes jusqu'où jour de leur mariage.
Mais lorsque ces deux laotons là se marient, dans deux familles bien différentes, on peut se demander jusqu'où le fossé entre leur statuts se creusera. Car contrairement aux fils qui restent dans leur famille, les filles partent et il peut arriver que la belle-mère soit méprisante...
Je ne sais comment en parler de ce roman qui m'a fortement touché. Mais je le recommanderais à toutes les personnes qui souhaitent en savoir plus sur le quotidien des chinoises lors du 19eme siècles, qui ressemblait alors fortement à une forme d'esclavage.
Extraits :
Ce passage est au moment où Fleur de Lis, se fait bander les pieds:
"Pour que mes pieds soient considérés comme parfait, il fallait qu'ils obéissent après le bandage aux sept critères suivants : ils devaient être miniscules, étroits, élancés, pointus et cambrés, tout en restant parfumés et doux au toucher. Parmis tous ces attributs, la taille est determinante. L'idéal est de sept centimètres."
" [...]Le but était que mes orteils et mon talon finissent par se rejoindre, aménageant entre eux une fente tout en dégageant mon gros orteil, sur lequel j'allais prendre appui pour marcher."
"Maman me forca sans ménagement à abandonner ma chaise: le terme de douleur est bien trop faible pour décrire la sensation qui s'empara de moi. Mes orteils étaient bloqués, repliés sous la plante de mon pied, de telle sorte que mon corps entier reposait sur ces moignons. J'essayai de retouver l'équilibre en m'appuyant sur mes talons. lorsque ma mère s'en appercut, elle me frappa sechement."
Celui-ci extrait sur les conditions de femmes, en tant que mères :
"On s'attend à ce que nous aimions nos enfants, nous autres femmes, à peine sont-ils sortis de notre ventre...Mais laquelle d'entre nous n'a pas ressenti une cruelle déception en découvrant qu'elle venait de mettre au monde une fille ? Ou une panique croissante - même s'il s'agissaitdu fils tant attendu - en bercant sous le le regard désaprobateur de sa belle-mère son nourrisson qui n'arretait pas de pleurer ? Mëme si nous aimions nos filles de tout notre coeur, nous devons les élever en leur apprenant à souffrir. [...]"